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ULULE, le financement participatif et le vétérinaire


Vous avez un projet de livre de photographie autour des métiers des vétérinaires. Pouvez vous nous expliquer la genèse de ce projet ?

Cela fait près de quinze ans que je photographie des vétérinaires dans leur exercice quotidien. Pendant ces 15 ans, CENTRAVET m’a d’ailleurs toujours encouragé et accompagné. Il est normal et presque légitime un jour de faire la synthèse de tout cela à travers un livre pour laisser une trace et aller aussi au devant des jeunes générations. Pour ce projet de livre, j’ai voulu m’intéresser uniquement aux consœurs et confrères qui ont un contact avec les animaux et leur propriétaire mais en ouvrant sur tous les types d’animaux. C’est pour cela que son titre sera autour du verbe PRATIQUER. Philippe MEYER, écrivain, journaliste et producteur de radio a très gentiment accepté de me signer la préface. J’ai déjà reçu ce texte et il me plait beaucoup. Michel Baussier signera également une postface.

Votre projet d’édition de livre de photographie sur la profession des vétérinaires praticiens est un projet qui se passe d’éditeur. Par ailleurs, vous faites appel à du financement participatif. Pourquoi de telles particularités ?

PRATIQUER sera mon quatrième livre de photographie et second à compte d’auteur. Le travail d’édition est une tâche passionnante. La déléguer est aussi perdre une partie de ses libertés rendant le travail final moins personnel. D’un autre côté, avoir un éditeur en face de soi est aussi très enrichissant car il apporte ce regard extérieur utile pour comprendre un lecteur même s’il s’agit d’un lecteur d’images. Il oblige à argumenter ses choix. Pour PRATIQUER, j’ai rapidement voulu passer par du financement participatif. Celait aurait été trop délicat d’arriver chez un éditeur tout en gérant à plusieurs cette campagne de financement. Il y a là des opportunités formidables de partage d’abord à travers un contact direct de contributeurs financeurs, ensuite en s’appuyant sur internet et sur les réseaux sociaux. Tout cela m’était complètement nouveau donc extrêmement attractif.

Pouvez vous décrire comment se monte un projet de financement participatif ?

Il faut d’abord préciser que je suis passé par l’une des plateformes françaises de crowfunding qu’est ULULE. La recherche de financement intervient évidemment une fois le projet très abouti : pour ce qui me concerne, livre prémaquetté et budget affiné. Le principe est un principe de gagnant gagnant : la plateforme vous demande de définir un objectif de ventes et un délai de campagne (de 45 jours à 75 jours). Si l’objectif de participation n’est pas atteint à la fin de la période de campagne, tous les souscripteurs se voient créditer en retour de la somme qui leur avait été prélevée en ligne lors de leur souscription. Dans l’autre cas, le porteur de projet perçoit l’ensemble de la somme reçue. Au passage, la plateforme prélève sa marge (un peu moins de 10%). Dans cette affaire, si le projet n’aboutit pas, cela ne coûte ni aux souscripteurs qui revoient leur participation revenir sur leur compte, ni au porteur de projet qui ne doit rien à le plateforme.

D’un point de vue pratique, cela se fait en trois temps. Il faut d’abord s’adresser à la plateforme pour décrire son projet et savoir s’il est éligible. Une fois le projet accepté, il faut construire la page internet de présentation du projet sur le site de la plateforme. Cela prend du temps et beaucoup de relectures. Il est conseillé d’y intégrer des images, de la vidéo… Cette page doit être soumise à validation par la plateforme de crowfunding. Vous êtes alors prêt pour lancer votre campagne qui sera limitée dans le temps. Il vous faut dès lors prospecter et communiquer à travers différents réseaux de connaissances. ULULE n’accepte de rendre public votre page qu’une fois déjà obtenues six souscriptions dans votre entourage pour ne pas partir de rien. Vous sortez alors de la « couveuse » et le projet devient totalement public…

Pour PRATIQUER, j’ai choisi un objectif de 150 préventes sur 75 jours car je craignais manquer de temps pour gérer la campagne. Sachant que je bénéficie déjà d’une commande institutionnelle, il me faudra doubler cet objectif de prévente pour me permettre de financer le livre mais j’avais trop peur de ne pas y arriver. J’ai obtenu mes 150 commandes en 5 semaines et j’espère maintenant que les préventes vont se poursuivre pour approcher mon objectif réel de 300. J’en ai vraiment besoin ! Mais je sais aujourd’hui, sous réserve de retard lié à l’imprimeur, que le livre sera imprimé en juillet, façonné en août, livré fin septembre.

Tirez vous des enseignements de cette expérience de financement participatif ?

Je tiens d’abord à dire à tous ceux qui participent combien je leur suis reconnaissant. J’ai l’impression, et les témoignages directs que je reçois me renforcent dans ce sentiment, que je ne porte pas seul le projet. Une consœur m’a ainsi dit « j’aime bien ce que tu fais et en plus, tu parles de nous ». Il y a un plaisir incroyable d’avoir ce lien direct avec son lectorat, un lien qu’internet permet de croire étroit. Car il faut insister sur le rôle que joue internet dans du financement participatif. Tout se fait via Facebook ou via telle ou telle newleteur ou liste de diffusions ou de discussion. Cela est à la fois fascinant mais fait peur quand on pense à tous les médias à support papier car on s’aperçoit qu’une communication sur support papier est peu opérante. Cette dématérialisation des la communication est tout à fait troublante pour nous, vétérinaires, professionnels très ancrés dans la vie réelle surtout à l’heure de l’ouverture de la communication.

Pensez-vous que des projets plus strictement professionnels comme des installations de vétérinaires pourraient naître aujourd’hui à travers ces plateformes participatives comme on le voit pour des libraires ou des cafés ?

Honnêtement, je n’en sais rien et ne me sens pas compétent pour répondre. Mais à travers mon projet d’édition, je ressens très clairement la puissance de l’outil. Dans des conditions particulières de carence en terme de maillage territorial, on peut imaginer la naissance d’un projet d’installation et on se pose d’emblée la question de savoir si le nouveau code est dès maintenant adapté à ces nouveaux outils dont on explore encore le potentiel. Il y là aussi de nouvelles innovations possibles que nous ignorons : cela peut être le meilleur, et c’est enthousiasmant, mais aussi le pire. Ainsi, j’entendais il y a quelques jours que certains sites russes de crowfunding permettaient de financer des actions de guerre en Ukraine !... Heureusement nous n’en sommes pas là au niveau de la profession : des étudiants de l’école vétérinaire de Toulouse viennent de réussir leur projet de crowfunding autour d’une mission de stérilisations de carnivores sauvages en Uruguay ! L’autre frein pourrait être la multiplication des projets proposés qui, en saturant complètement le marché, le rendrait inopérant. L’expérience reste passionnante : on en ressort beaucoup moins seul qu’en y entrant !


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